En vidéo, le "Tir N° 24" aussi nommé "AS05017" réalisé au CEG de Gramat par l'ingénieur détonicien Didier Bergues. Cette unique expérience "de laboratoire", jamais renouvelée, a emporté la conviction du juge d'instruction Thierry Perriquet; elle est censée démontrer comment le désastre de Toulouse s'est produit ...ou n'a pas pu survenir.
Des lecteurs nous signalent des difficultés pour ouvrir la vidéo, vous la trouverez aussi sur le blog de France 3 Sud.
Pourquoi cette reconstitution ne nous paraît-elle pas réaliste ?
1) Le montage est confiné: certes, il ne l'est pas au sens détonique du terme mais les produits sont cependant retenus par les cinq côtés de la boite (dont un côté en PVC transparent). Le système empêche donc le trichlorure d'azote (NCL3), plus lourd que l'eau à l'état liquide et que l'air à l'état gazeux, de s'échapper par les côtés de l'édifice. De ce fait, les experts forcent le NCL3 a monter (par un "effet cheminée") à la rencontre du nitrate d'ammonium industriel poreux (NAI) qu'il va pénétrer "à cœur". Dans le box du hangar 221, il n'y avait qu'une face de confinement; le sol... (Voir photo 3, le NCL3 jaunâtre en bas à gauche du montage)
2) Le "rez-de-chaussée" du montage des experts est une semelle de nitrate humidifiée à 10,7%. Elle est "scarifiée" avec une spatule pour augmenter la surface de contact (l'interface) avec le produit qui va la recouvrir; ce n'est pas réaliste (photo 1). Le sol du box avait en effet été raclé en début de matinée par la lame du chouleur Caterpillar. L'attaque de cette lame était faite d'une sorte de caoutchouc qui évitait la formation d'étincelles, de plus, les dents du godet, au lieu de se trouver sous la lame racleuse, se trouvaient au dessus. Cette position particulière avait été demandée par Georges Paillas, le contremaître du hangar, afin que les dents n'abiment pas le sol du hangar. Les experts ont cependant "retenu" que les dents se trouvaient dessous, ce qui aurait permis la subsistance de la fameuse semelle de 2cm d'épaisseur.
3) L'humidification à 10,7% de la semelle est arbitraire; pourquoi les produits qui vont suivre et qui ont subi les mêmes conditions climatiques ne sont-ils pas eux aussi humidifiés à 10,7%?
Une explication est avancée par Me Sylvie Topaloff: Gilles Fauré a fermé la porte du hangar 335 après avoir pelle-versé le contenu du GRVS dans la benne blanche. La porte étant fermée, l'humidité atmosphérique n'aurait pas pénétré ce hangar; mais l'avocate ajoute aussi que l'employé avait lavé à grande eau (à la lance à incendie) le sol du bâtiment après ses opérations, avant de fermer la porte. Donc tout indique que la benne blanche était soumise à une humidité bien supérieure à celle de l'atmosphère. En 40h, le NCL3 humide serait parti dans la nature. Tous les spécialistes que nous avons contacté s'accordent sur ce point.
5) Le DCCNa est répandu sur la semelle de façon homogène (Photo 1). Est-ce possible quand une benne contenant plusieurs produits mélangés (NAI + DCCNa selon les experts) est déversée sur le sol?
6) Le reste du contenu de la benne (du NAI pour les experts) attend 14 secondes avant de recouvrir le DCCNa (Photo 2). L'explication de Didier Bergues faisant valoir des raisons de sécurité nous paraît peu crédible.
7) 100 kg de NAI sec recouvrent enfin le tout (Photo 2). C'est le dernier étage du montage, mais la benne n'en contenait pas puisque nous avons démontré au tribunal qu'il s'agissait en réalité de NAA .
Détail curieux: sur la vidéo des experts, l'ensemble de l'image se teinte en jaune-orangé au fur et à mesure que le temps passe et que le trichlorure d'azote se forme (Photo 3)...Explication: le ciel est partiellement nuageux; au début du film un nuage passe devant le soleil, puis le ciel se dégage. Il suffit d'observer l'ombre portée par le petit capteur cylindrique en haut à gauche du montage (pas d'ombre sur les photos 1 et 2, ombre sur la photo 3). Sur ce détail, nous sommes formels, les experts n'ont pas "bidouillé" leur film.
Georges Paillas est un homme en colère!
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