Regardez bien cette photo…
Ce document capital montre que les experts n'ont pas reconstitué le "Tir 24" avec le bon produit; explications :
Le
hangar 335 est un bâtiment anodin réservé au stockage de grands sacs
vides et usagés en attente de recyclage. Ces sacs sont des GRVS (Grands
récipients vrac souple) ou « big bags ». Toute l’accusation repose sur
l’hypothèse selon laquelle l’ouvrier responsable de ce hangar aurait
pelleté dans une benne blanche le contenu d’un GRVS de nitrate «
explosif », le NAI (nitrate d’ammonium industriel). Pendant cette opération, il aurait aussi ramassé avec sa pelle quelques kilos d’un dérivé chloré, le DCCNa.
Toujours selon la thèse officielle, le mélange incompatible serait resté 48h sans réagir dans la benne avant
que l’ouvrier ne le déverse dans le sas du hangar 221 réservé au
transit des nitrates déclassés. Quinze minutes plus tard, le hangar
explose.
Gilles Fauré, l’ouvrier incriminé, a toujours affirmé au juge
d’instruction que le produit contenu dans le GRVS était de
l’ammonitrate, c’est à dire un banal engrais agricole. A l’appui de ses
dires, Gilles Fauré précise que le GRVS ne possédait qu’une seule
anse, ce qui est le cas des GRVS contenant des nitrates. Les GRVS des
dérivés chlorés sont quant à eux munis de quatre anses.
Mais Gilles Fauré apporte surtout une autre précision. Il la répète encore au juge d’instruction le 24 octobre 2002 : « Ce sac, je le vois encore. Il est désormais ancré dans mon esprit. Il avait une seule anse et sur le sac il était inscrit « ammonitrate » en noir. ».
La couleur de l’inscription est un détail capital, nous le verrons plus loin. Il pourrait mettre à mal les expertises, voire ruiner leurs résultats. Pourquoi ?
Mélangé au fioul le nitrate d’ammonium industriel (NAEO) constitue l’explosif secondaire civil le plus utilisé dans les mines et les carrières tandis que l’ammonitrate, nous l’avons vu, n’est qu’un banal engrais agricole. Gilles Fauré a-t-il pelleté un « explosif » comme aime à le répéter l’expert Daniel Van Schendel ou bien de l’engrais ainsi que l'affirme l’ouvrier ?
Comme le juge fait remarquer à Gilles Fauré que lors d’un précédent interrogatoire à la PJ il avait admis que l’inscription était « peut-être » bleue, l’ouvrier insiste : « Pour moi, c’est certain. Sur le sac il était marqué AMMONITRATE. Ce dont je ne suis pas sûr, c’est peut être la raison de mon hésitation devant les policiers, c’est la couleur de l’écriture sur ce sac. Aujourd’hui avec le recul, je suis beaucoup plus affirmatif. C’était écrit en noir… »
Parce que les GRVS de nitrate industriel - l’ "explosif" - sont imprimés à l’encre noire
alors que selon l’instruction, TOUS les GRVS d’ ammonitrate le seraient à l’encre verte, aucun à l'encre noire.
Gilles
Fauré n’ayant jamais fait état d’encre verte, il n’aurait donc pas
pelleté de l’engrais mais de l’« explosif ». C’est ainsi que les
reconstitutions et les essais en laboratoire, jusqu’au fameux « tir 24
» réussi par l’expert en détonique du CEG (Centre d’étude de
Gramat-DGA) vont essentiellement mettre en œuvre du NAI. Résultat : le rapport d’expertise final indique par exemple (page 164), que « les inscriptions sur les sacs d’ammonitrate sont de couleur verte. » et (page 169) que «…les marquages en noir sont uniquement apposés sur les GRVS de nitrate d’ammonium (NAI) de 1000 Kg… ».
Les experts seraient-ils parvenus a "tromper la religion du juge" ? C'est bien possible si l'on en croit son ordonnance de renvoi. On peut lire par exemple, page 161 que
« …les inscriptions figurant sur les GRVS sont de couleur verte pour
ceux de l’ammonitrate et noire pour ceux du nitrate d’ammonium
industriel /…/ il doit ainsi être retenu que c’est du NAI contenu dans l’un de ces emballages que Gilles Fauré a pelleté dans la benne /…/ »
Seulement voilà : nous avons découvert fin janvier 2009 une photographie dont l’importance à de toute évidence échappée à la défense et à l’instruction qui en ont pourtant eu connaissance. Il s’agit d’une photographie prise l’après-midi même de la catastrophe dans les décombres du site dévasté. Nous avons retrouvé son auteur, il se nomme Bruno Souillard, il est photographe au quotidien La Provence. Cette photographie démontre qu’il existait bien des GRVS d’AMMONITRATE sérigraphiés à l’ ENCRE NOIRE. Celui qui figure sur la photographie de Bruno Souillard confirme de façon irréfutable les dires de Gilles Fauré !
Cette découverte montre que les reconstitutions du CEG sont douteuses puisque le détonicien Didier Bergues n’a pas utilisé le bon produit ! Nous ne mettons cependant pas en cause sa bonne foi puisqu'il ne s'est rendu sur le site que plusieurs mois après le désastre. Question légitime: aurait-il été manipulé?
Dès lors, rien ne prouve que la réaction du "Tir 24", se produirait avec de l’ammonitrate en lieux et place du nitrate industriel (voir aussi pages 108 à 112 de notre ouvrage AZF: l’enquête assassinée)
On nous objectera sans doute que « le nitrate, c’est le nitrate », qu’il soit agricole ou industriel. Sauf que le NAI utilisé à tort dans les expertises est poreux, c’est pourquoi il aurait si bien absorbé, selon les experts, l’hypothétique trichlorure d’azote, produit par le contact humidité-dérivé chloré-nitrate industriel; la cause supposée des malheurs de Toulouse.
On comprend alors mieux pourquoi l’instruction n’a pas souhaité prendre le risque de faire reproduire le "Tir 24".
Voir aussi sur ce blog notre étude critique du Tir N°24 du CEG de Gramat.
Lors de l’audience du 9 juin 2009, le tribunal fait ouvrir un grand sac vrac souple (GRVS) qui tel une poupée russe contient sous scellés d’autres GVS saisis dans le Hangar 335.
L'instruction n'ayant pas jugé utile de le faire, Grande Paroisse avait fait placer ces GRVS sous scellés le 20 mai 2003, "au cas où"; en présence d’un huissier de justice et de l’omniprésent major Jean-Pierre Bellaval, enquêteur au SRPJ.
Les sacs sous scellés ont ensuite été envoyés dans une autre usine du groupe, à Grand-Quevilly près de Rouen, sous la garde d'un autre huissier …puis ils ont été oubliés ...jusqu'à la mise en ligne de cette page !!!
Le préambule du président Thomas LemonnyerLe 9 juin 2009, le tribunal qui s'apprête a entendre les plaidoiries, accède à une dernière demande de la défense; l'ouverture du scellé du 20 mai 2003.
Le président Thomas Le Monnyer explique:
« Compte-tenu des déclarations de M. Fauré, évolutives, on s'est interrogé pour savoir quel sac il avait pu manipuler le 19 septembre 2001. Un sac d'ammonitrate ou de NAI ? Cela peut présenter un intérêt certain. /.../ Après, M. Fauré a parlé de nitrate d'ammonium. Enfin, il y a eu des indications sur les couleurs sur le sac qu'il manipule. Le noir. Or, il a été longtemps considéré que les sacs d'ammonitrate avaient une mention de couleur verte, et que les sacs de NAI portaient des mentions de couleur noire. Et on a évoqué au cours du dossier des sacs d'ammonitrate qui avaient une mention de couleur verte et noire."En assistant le 9 juin à l’ouverture du scellé, le tribunal a constaté que des GRVS d'ammonitrate imprimés en noir se trouvaient bien sur le site; il y en avait 2 palettes, soit environ 500 à un millier de sacs ! Il a pu constater qu'il s'en trouvait aussi dans le funeste hangar 335.
Selon nous, certains enquêteurs de l’instruction, policiers et experts, ne pouvaient pas l’ignorer puisqu’ils assurent avoir passé le site "au peigne fin".
La réaction du "sachant" Henri-Noël Presles
Henri-Noël Presles est un scientifique attaché au Laboratoire de Combustion et de Détonique (LCD) du CNRS de Poitiers (voir l'enquête assassinée au chapitre "La « recette » de Grande Paroisse ou quand l’élève « balance »
Après avoir été mandaté un temps par la Commission d'Enquête Interne de Grande Paroisse pour étudier la détonabilité du NA en présence d'eau et de NCL3, le scientifique a donné un sérieux coup de pied dans la fourmilière le 27 mai 2009 en expliquant
A l'issue de sa déposition "sensationnelle", nous lui avons demandé si le Tir 24 aurait fonctionné avec du NAA en lieux et place du NAI. Devant deux consœurs journalistes, le chercheur du CNRS de Poitiers a clairement manifesté son scepticisme…
La réaction des experts
Daniel Van Schendel m'a d'abord demandé comment j’avais fait pour déposer le GRVS photographié par Gilles Souillard !!!
Je n'étais plus à Toulouse l'après-midi du désastre et quand bien même, j'aurais été bien malin de deviner en si peu de temps ce que les experts ont mis des années a élaborer.
Une rumeur s’est ensuite répandue du côté du parquet selon laquelle l'image de Bruno Souillard pouvait être un photomontage. Par prudence, je m'étais gardé de révéler l'existence d'autres photos jusqu'à ce qu'à sa demande j'en fasse état au procureur de la République adjoint Richard Bommeton (chargé des relations avec la presse).
L’expert Jean-Luc Géronimi, sincèrement désolé, m’a indiqué qu’il n’avait pas eu connaissance de tels sacs…
Je le crois volontiers de même que je doute que Daniel Van Schendel l'ait quant à lui ignoré tant il fut présent sur le site dès les premières heures et tout au long de l'instruction.D'autres photos!
Nous arrivions donc au procès avec la certitude qu'il existait au moins 2 photos de ces GRVS, prises par deux auteurs différents.
Nous en étions là quand La Dépêche publie, le 21 septembre dernier, en page 10 de son édition papier, une photo tout à fait comparable aux deux précédentes ; un GRVS sur lequel est imprimé en noir « AMMONITRATE 33,5 ».
Et de quatre!
Janvier 2010; il est temps de mettre un peu d'ordre dans notre dossier AZF.
Ce faisant, nous tombons sur une photo prise le jour de la catastrophe, précisément à 16h 21. Elle est due à notre confrère Jean-Christophe Sannicolas du Midi Libre.
A l'époque où Jean-Christophe nous l'avait communiquée, son importance nous avait échappée ...provisoirement. Le plus fort est que ce GRVS là, compte tenu de sa position, ne pouvait échapper à personne, il crevait les yeux ...
Quatre photographies, 4 auteurs différents, ça commence à faire beaucoup !!!Ces quatre photographes auraient-ils vu ce que ni les experts ni la police n'ont vu ? Cherchez l'erreur!
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