Le Dichloro isocyanurate ou troclosène de sodium (DCCNa)
Extrait complété des annexes du livre "AZF: l'enquête assassinée"
Fabriqué par l’atelier ACD d'AZF Toulouse, le DCCNa est un dérivé chloré dont les chimistes disent qu’il est un "donneur" ou un "générateur" de chlore. Il dégage une forte odeur caractéristique et irritante quand il est manipulé. C’est le plus récent des produits chlorés pouvant se substituer avantageusement à l’eau de Javel dont il est plus actif, moins toxique et moins caustique. Cependant, ce comburant est nocif, bien que ses qualité antiseptiques et désinfectantes lui valent d’être inscrit dans le groupe des désinfectants de la liste des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a en outre reçu en 2001 l’avis favorable du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF) pour la désinfection des eaux de boisson, c’est pourquoi on le trouve notamment dans les « rations de combat » de nombreuses armées. Il est utilisé aussi pour la désinfection des instruments médicaux, des biberons, le traitement des sols, des eaux de piscines etc.
Le DCCNa est mis en cause par l'enquête judiciaire. Ce serait le
produit qui aurait été mélangé par inadvertance aux nitrates du hangar
221 réservé au transit des nitrates déclassés. Les experts mandatés par
l'instruction, notamment leur chef de file Daniel Van Schendel, ont
affirmé dès le début de l'année 2002 qu'une benne de 500 Kg
de DCCNa avait été déversée dans le box du hangar 221 après avoir été
remplie 48h plus tôt à la pelle à main par Gilles Fauré. Cet employé
d'une entreprise sous traitante avait pourtant huit ans d'ancienneté
dans l'usine et il connaissait bien les produits. Sa mise en examen a
duré 5 ans avant de bénéficier d'une ordonnance de non lieu. Pourquoi ?
Au fil des reconstitutions, ces 500 Kg se sont transformés en un peu plus de 120 Kg pour finalement être réduits à "quelques Kg" dans les conclusions des experts Van Schendel, Barrat et Bergues. Il est même question de "traces" dans l'ordonnance de renvoi du juge Th. Perriquet.
Présenté sous forme d’un solide cristallin blanc, le DCCNa est disponible en poudre, en granulés, en pastilles et en galets. Au contact de l’eau, il libère rapidement 90% d’acide hypochloreux, son composant actif (contre 10% pour l’eau de Javel).
L’Acide trichloro isocyanurique (ATCC) également fabriqué par l’atelier ACD d'AZF Toulouse est lui aussi un « donneur de chlore ». Associé au DCCNa, il est vendu au public sous la dénomination de « chlore choc ».
Au contact de
l’humidité et de produits azotés et/ou carbonés, le DCCNa (ou l’ATCC)
s’hydrolyse avec réactions exothermiques (augmentation de la
température ambiante) encore plus vives si le produit azoté est pollué
par des substances organiques. Il se forme alors une amine chlorée
jaunâtre sous forme liquide puis gazeuse à partir de 71°C.
C’est
le trichlorure d’azote (NCl3), l’un des rares éléments qui puisse
s’auto-initier en régime explosif (déflagrant et/ou détonant) au delà
de 93°C. Cette propriété est connue depuis le XIXème siècle. En son
temps, Michael Faraday (1791-1867) qui se penchait sur les propriétés
réfrigérantes du chlore l’avait personnellement constaté à la suite de
l’éclatement d’un tube à essai devenu jaune d’or.
NCI3 est la cause de plusieurs graves intoxications dont ont été victimes des personnels de piscines couvertes.
Louis Médard, auteur de l’ouvrage de référence « Les explosifs occasionnels » (Lavoisier 1987) indique : « La facilité avec laquelle le chlorure d’azote prend naissance par action du chlore, d’hypochlorite ou de quelque autre agent chlorant sur les ions NH4 ainsi que sur les amines, explique les cas assez nombreux d’explosions survenues dans les caniveaux d’usines qui reçoivent des effluents les uns chlorés, les autres ammoniacaux. On est de même conduit à la règle d’interdire l’introduction d’ammoniaque ou de sels ammoniacaux dans les ateliers où l’on fabrique du chlore, comme dans ceux où on l’utilise »
En décembre 1985 le chercheur T. Dokter publie un article dans la revue scientifique « Journal of Hazardous Materials » où il avertit : «La meilleure façon de manipuler le trichlorure d’azote c’est d’éviter sa formation»
Les dernières analyses des prélèvements de la PJ sur le sol du hangar 335 où Gilles Fauré est suspecté d'avoir pelleté le DCCNa ...se sont avérées négatives.
Voir aussi le point de vue de Monique Mauzac, chimiste, directeur de recherche au CNRS.
Heureusement pour l'Association des Sinistrés du 21 septembre 2001, partie civile qui soutient l'accusation, son avocat, docteur en droit, dame le pion à Monique Mauzac. Sur son blog, à l'aide d'une courte vidéo, sous le titre « Ammonitrate d’ammonium et Marcellin Berthelot », le docteur édicte d’un docte ton, combien « l’ammonitrate d’ammonium est un explosif dangereux » (sic), puisque le grand chimiste Berthelot l’a démontré dès la fin du XIXe. L'avocat connaît bien son affaire : « ammonitrate d’ammonium » n’est rien moins qu’une jolie lapalissade ; dire ensuite d’un explosif qu’il est dangereux est un autre truisme et puisque l’on est dans le pléonasme, nitrate d’ammonium explosif en est un troisième. Un chef d’œuvre tautologique, en six mots seulement ; difficile de mieux faire … ou l’arroseur arrosé … avec de l’eau mouillée !
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