Extraits de "AZF : l’enquête assassinée"
Depuis le 21 septembre, les témoignages s’accumulent sur les bureaux du SRPJ toulousain, au point que leur grand nombre et leur convergence finissent par lasser les policiers. Mais, le 24, un appel téléphonique retient pourtant toute leur attention. Denis M. est au bout du fil. Il est directeur des ressources humaines d’Air France Industries. Il dit détenir une pièce à conviction capitale dans les locaux de l’aérodrome de Toulouse-Montaudran. Il s’agit d’un enregistrement étonnant voire capital pour tenter de comprendre les événements du 21 septembre 2001.
La bande magnétique Air-France Montaudran
Il faut d’abord préciser que le terrain d’aviation de Montaudran est situé à quatre kilomètres à l’est de l’usine AZF. C’est un site sacré pour les Toulousains et tous ceux passionnés par l’épopée de l’Aéropostale. Ouvert en 1917 par l’industriel Pierre-Georges Latécoère, ce haut lieu de l’aviation résonne encore des noms de Mermoz, Saint-Exupéry ou Guillaumet.
Avant d’être fermé en 2006, il fut avec Le Bourget l’un des plus importants aérodromes de France. En 2001, il n’était plus affecté qu’aux activités d’Air France Industries et à l’entretien des Airbus A-320.
Ce 21 septembre 2001 au matin, les membres du comité d’entreprise de la compagnie sont justement en réunion. La salle du bâtiment « Commandement », où se déroule la séance, est à 4 125 mètres à vol d’oiseau du hangar 221. Le local est équipé d’un système d’enregistrement audio professionnel, muni de trois micros suspendus au-dessus de la table de réunion. A 10 h 17’ 55’’, le magnétophone enregistre la voix de l’orateur principal :
– Septembre-décembre, hum, pour que, et...
Un choc soudain l’interrompt. Bref et dédoublé, nous le traduisons par une onomatopée :
– PAAM-BLAM !
La surprise passée, l’orateur s’interroge :
– C’est un mur du son ?... (Il se rassure aussitôt :) C’est un mur du son !
– Qu’est-ce que c’est ?
– C’est un mur du son ça !
– Désolé...
10,5 secondes s’écoulent, quand soudain retentit un autre bruit terrible, d’une intensité bien plus forte
– BAAAOOOUUUMMMMM !
Du verre se brise et divers objets tombent...
– Non, c’est pas un mur du son !
Un homme pousse un sifflement de surprise, un autre lance un ordre :
– Vous sortez là !
– Ça c’est une explosion...
– Ç’est bizarre ça !
Bizarre. En effet, mais que peut donc signifier cet étrange « PAAM-BLAM ! » précurseur ?
Selon Yves Grenier, le « PAAM », qu’il nomme « S2 », est un évènement de forte énergie en très basse fréquence, « typiquement en dessous de 40 Hz ». Il ne peut donc avoir qu’une origine sismique, c’est-à-dire le passage de l’onde sismique générée par l’explosion du hangar 221. Le « BLAM » E1 qui suit immédiatement, lui aussi riche en énergie « dans la bande au-delà des 1 000 Hz », est décrit par l’expert comme un « précurseur sonnant comme une explosion sèche et aiguë ».
Quant au dernier « BAAAOOOUUUMMMMM ! », E2, il s’agit évidemment de l’explosion d’AZF que le professeur Grenier décrit comme « un évènement aussi riche en énergie dans la bande au-delà des 1 000 Hz »... de même que E1.
La bande originale de la scène est saisie le 24 septembre par le SRPJ en présence du DRH d’Air France Industries qui précise : « J’étais dans cette salle en train de débattre avec les représentants du personnel et plusieurs membres de la direction d’AF Industries. Nous avons tous entendu deux explosions qui ont été enregistrées par notre magnétophone [...] A ma connaissance, la cassette que je vous remets n’a été écoutée qu’une seule fois, et aucune copie n’en a été réalisée... »
Cette bande audio précieuse est pour le moment unique dans le dossier de l’instruction... Elle ne le restera pas longtemps.
écoutez ICI l'enregistrement d'Air France Montaudran
le téléchargement peut prendre quelques instants et nécessite le logiciel gratuit
Voir et entendre une onde de choc "sismo-acoustique" comparable à celle qui a balayé Toulouse
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